Les adulescents, « kidults » ou « enfants boomerang » s’abstiennent à plus de 75 % de voter.
Sont-ils moins des adultes en herbe que des enfants attardés ? Ni l’un ni l’autre, mon capitaine. Ces Adultes en émergence d’après le titre paru en 2000 de Jeffrey Jensen Arnett,
, ont aujourd’hui dans les pays occidentaux entre 18 et 25 ans. S’appuyant sur ses observations méticuleuses, ce psychologue américain explique que la caractéristique de ces jeunes majeurs civilement est moins la frilosité comme voudrait le faire croire un film d’Etienne Chatiliez intitulé « Tanguy »
que le souci d’expérimenter, d’explorer. La maturité réclame de plus en plus de malléabilité, il faut rapidement savoir déménager, rebondir, prendre des virages avec souplesse, et ce sont ces qualités qu’apprennent ces jeunes, en s’en donnant d’autant volontiers le temps que les « permaparents » accueillent avec bienveillance cette phase prolongée : « Les parents sont généralement heureux d’apporter leur aide, tant qu’il s’agit d’une situation temporaire… ».
« De la fin de l’adolescence à la fin de la vingtaine, ils explorent les possibilités qui s’offrent à eux, en amour, au travail, et évoluent graduellement pour faire des choix de longue durée ». (…) « La tendance devrait se pérenniser, tant que l’âge du mariage demeure aussi élevé, et il n’y a aucune raison qu’il baisse ».
Marcel Gauchet confirme que l’adolescence, si redoutée par les parents psychologiquement, n’existe plus csociologiquement, ce n’est plus un « fait social ». En effet, la plupart des motifs de frustration qui motivaient la révolte adolescente ont disparu, à commencer par l’interdit sexuel. On passe «d’une jeunesse sans révolte à un monde sans adultes» conclut sobrement Marcel Gauchet. La logique du marché s’accorde avec une perversion de l’avant garde dans la mesure où pour être d’avant garde aujourd’hui il n’est rien de plus aisé que de consommer des produits pour le paraître. Le « geste vide de la rupture » est répétable à l’infini dans la mesure où c’est le marché qui décide.
Si est tant discuté par certains le statut des « vieux mineurs » quand il s’agit de punir un délinquant en herbe, une graine de voyou, que faire des « jeunes majeurs » qui ne refusent pas les responsabilités mais celles des adultes ?
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Et Rodrigue à la scène 2 de l’acte II du Cid de Corneille, de prononcer cette stance célèbre en défiant le Comte de Gormas : « Je suis jeune, il est vrai ; mais aux âmes bien nées – La valeur n’attend point le nombre des années. »